Synthèse du rapport public annuel 2025 de la Cour des comptes : L’orientation un point de fragilité majeur

La Cour des comptes dresse un constat préoccupant concernant les politiques publiques en direction de la jeunesse et formule plusieurs recommandations pour mieux accompagner les jeunes dans la construction de leur avenir. Son rapport souligne en particulier les carences persistantes du système éducatif français en matière d’orientation, d’égalité des chances et de soutien psychologique.

Malgré un investissement de 400 millions d’euros, de nombreux élèves continuent de percevoir leur orientation comme subie et mal aiguillée.

Selon le rapport, 35 % des collégiens se déclarent insatisfaits des informations et conseils reçus au sein de leur établissement.

La phase critique intervient à partir de la 3ème . Au moment des premiers choix d’orientation, les inégalités sociales se creusent nettement. Chaque année, un tiers des collégiens s’orientent vers une voie technologique, dont une grande majorité issue de milieux défavorisés. Toujours selon le rapport,

En 2022, 45 % des enfants d’inactifs et 26 % des enfants de ménages ouvriers se trouvaient en difficulté en maths et en français, contre seulement 5 % des enfants de cadres supérieurs.

Ces disparités trouvent principalement leur origine dans des déterminismes sociaux, territoriaux et de genre, encore enracinés dans les parcours scolaires. Les élèves issus de milieux modestes sont surreprésentés dans les filières professionnelles, souvent perçues comme des orientations par défaut, moins valorisées socialement et peu attractives, en particulier dans les secteurs industriels.

Les collégiens déplorent un manque d’information et l’absence de personnels référents pour être à leur écourte.  Depuis 2017, les conseillers d’orientation ont été remplacés par des psychologues de l’Éducation nationale, censés à la fois veiller au bien-être des élèves et répondre à leurs interrogations sur l’avenir. Cependant, leur nombre reste insuffisant :

Avec un ratio dépassant les 1 000 élèves par psychologue, un accompagnement individualisé et qualitatif devient irréalisable.

Par ailleurs, la loi ORE de 2018 ayant pour objectif d’accompagner chaque jeune vers la voie de la réussite, prévoyant deux semaines dédiées à l’orientation, n’a pas été appliquée dans plus de la moitié des collèges.

En 2022, seuls 44,2 % des établissements déclaraient participer à ces temps d’orientation. La responsabilité d’accompagner les élèves dans leurs choix repose désormais sur les enseignants, qui, pour beaucoup, regrettent un manque de formation spécifique ainsi qu’une surcharge de leur emploi du temps, rendant cette mission peu réalisable et difficile à coordonner.

Ce manque d’accompagnement contribue également au maintien d’un taux préoccupant de décrochage scolaire. Bien que des progrès aient été réalisés, le taux de jeunes quittant l’école sans autre diplôme que le brevet ayant baissé de 19,2 % à 11,3 % entre deux générations,

Environ 800 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans diplôme.

Les causes sont multiples : désintérêt, absence de perspective, perte de confiance, ou encore volonté d’indépendance immédiate poussant certains vers des activités à rendement rapide, parfois en marge de la légalité.

Le mal-être adolescent s’est également accentué, notamment depuis la crise sanitaire. Le recours aux maisons des adolescents pour un soutien moral et psychologique a connu une forte augmentation, témoignant de l’urgence de mieux encadrer la santé mentale des jeunes. Après 2020, plus de 100 000 jeunes s’y sont rendus pour divers motifs dont beaucoup liés à l’anxiété.

Dans ce contexte, la Cour des comptes demande que les efforts se concentrent en premier sur les jeunes qui rencontrent le plus de difficultés. Elle propose de revoir la façon dont les parcours scolaires sont organisés, pour qu’ils soient plus variés et mieux adaptés à chacun, en mêlant cours classiques et activités plus concrètes. Elle souligne aussi qu’il faut rendre les aides pour les jeunes plus faciles à comprendre et à trouver, car beaucoup ne connaissent même pas leur existence, faute d’informations claire et de sensibilisation.

Concernant les équipes pédagogiques, la Cour des comptes recommande la mise en place d’une matière liée à l’orientation lors de la formation initiale des enseignants, un aménagement de leurs horaires, ainsi qu’une meilleure coordination des dispositifs existants.

Dans la conclusion de son rapport, la Cour des comptes insiste sur l’importance de faire de la jeunesse une priorité stratégique de long terme et d’investir dans sa formation, sa santé et son insertion sociale et professionnelle. Les jeunes devront faire face à de profondes mutations liées aux enjeux climatiques, numériques, économiques et géopolitiques. Les préparer à ces défis exige une politique ambitieuse, cohérente et fondée sur l’équité.

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