Réforme du « choc des savoir » et importance des compétences psychosociales

Le 12 novembre dernier, la nouvelle ministre de l’Éducation Anne Genetet a annoncé la poursuite de la mise en place de la réforme du « choc des savoirs » à quelques nuances près. Proposée par Gabriel Attal en mars dernier et mise en application en septembre 2024, cette nouvelle loi est loin de satisfaire le corps professoral.

La ministre de l’Éducation a annoncé son objectif de poursuite dans un acte II.

Les groupes de besoins instaurés depuis la rentrée 2024 pour les élèves de 6ème  et de 5ème en maths et en français seront bien étendus aux niveaux de 4ème et 3ème  en 2025 mais dans une version plus allégée. Les élèves en difficultés bénéficieront ainsi d’une heure de soutien une semaine sur deux entre les deux matières.

Concernant le brevet, sa réussite jusqu’à présent facultative pour passer en seconde deviendra obligatoire en 2027. Les élèves ayant échoué à l’examen auront pour possibilité d’orientation le redoublement de la 3ème, l’entrée en CAP ou BEP ou une année passerelle en seconde intermédiaire.

A ce jour, ce nouveau dispositif en est au stade de pilote avec l’ouverture d’une classe par département et une intégration basée sur le volontariat.

Avec 14 % d’échec au brevet en 2024, cette mesure s’inscrit dans un objectif de redorer le blason des examens nationaux. Dès 2026, le contrôle continu ne comptera plus pour 50% de la note du brevet, mais 40%. Les résultats aux examens passeront quant à eux à 60% afin de donner plus de poids au diplôme.

Concernant les conditions de travail, Anne Genetet a annoncé le déploiement du « plan tranquillité » assurant l’arrivée de 600 assistants d’éducation et 150 CPE supplémentaires pour veiller à ce que les conditions de travail soient sereines dans les collèges et les lycées les plus exposés aux risques de violences. L’objectif est de sécuriser 1000 établissements en 2025. Les élèves pourront ainsi bénéficier d’une écoute supplémentaire en cas de harcèlement, cyber harcèlement ou situation sociale compliquée à l’intérieur comme à l’extérieur du collège. Cette aide pourra se matérialiser par exemple par un accompagnement en cas de nécessité d’un dépôt de plainte.

De plus, dès la rentrée de janvier 2025, la plage horaire 8h-18h déjà instaurée dans certains établissements sera généralisée aux collèges des réseaux d’éducation prioritaire. Les élèves auront ainsi accès aux « devoirs faits » y compris les mercredis, afin de structurer des temps de révisions ou d’activité artistique, culturelle et sportive au sein du collège. Une manière de développer leurs liens sociaux dans un contexte d’épidémie de solitude qui se répand chez les jeunes et qui peut s’avérer délétère dans cette période charnière qu’est l’adolescence.

La majorité de ces mesures intervient en réaction aux résultats de l’étude PISA publiée en décembre 2023, qui mettait en exergue la baisse du niveau scolaire en France.

Des chiffres dont l’interprétation jugée trop survolée a été critiquée par des syndicats d’enseignants et dont les décisions ciblent uniquement les compétences académiques.

Les compétences psychosociales (CPS), pourtant cruciales pour l’épanouissement de l’élève semblent avoir été mis de côté dans cette réforme au profit des compétences académiques.

Aussi appelées « soft skills » les compétences psychosociales regroupent l’ensemble des compétences humaines telles que l’aisance à parler en public, la confiance en soi, la gestion du stress et des émotions, l’aptitude à résoudre un problème, l’empathie ou encore la capacité à travailler en groupe.

Selon le sociologue François Dubet « Les perceptions que les élèves créent, développent et tiennent pour vrai à propos d’eux-mêmes et de leurs capacités académiques sont des forces vitales dans leur réussite ou leur échec à l’école ».

D’après une étude comparative menée par Ecolhuma, 90% des enseignants interrogés estiment essentiels le développement des CPS durant la scolarité et 3 professeurs sur 4 affirment monter en compétences par leurs propres moyens par manque de formation concret dans ce domaine.

Ils déplorent l’absence de temps spécifique dédié aux CPS dans les programmes qui engendre trop d’irrégularité dans son enseignement. En parallèle, l’étude de Vers-le-haut paru en 2024 révèle que seulement 45% des élèves disent faire confiance à l’éducation nationale pour développer leur estime de soi et « 8 jeunes sur 10 renoncent à certaines de leurs aspirations faute de confiance en eux »

Selon Elise Huillery et Yann Algan professeurs en économie : « le constat est clair et sans appel : A 15 ans, les adolescents français souffrent d’un profond déficit de confiance en eux et d’optimisme quant à leurs chances de réussir ».

Ces constats renforcent nos convictions sur l’importance d’un programme clé en main en lien avec la connaissance de soi et du monde professionnel déployé en collaboration avec les enseignants.

Dans ce climat d’instabilité ministérielle, ces derniers ont plus que jamais besoin de renfort et d’agilité pour que ces changements soient bien reçus et gérés par les élèves, car ils sont au cœur des impacts.

C’est justement ce qui nous anime chez Alliance pour l’Éducation avec le programme Défi Jeunesse.

Le 14 novembre dernier, Défi jeunesse était d’ailleurs auprès des équipes pédagogiques, à la rencontre des élèves de 3e du collège André Doucet à Nanterre pour des ateliers de préparation en vue du stage de 3e.

Les collégiens ont pu ainsi recevoir des conseils sur l’arrivée en entreprise et les attitudes à adopter. Ils ont également été sensibilisés à l’importance de chercher une entreprise en accord avec leurs projets professionnels et ont travaillé sur la réalisation de leur CV et de leur lettre de motivation.

L’idée étant de les pousser à se projeter dans le monde de l’entreprise avec confiance et à s’orienter en toute conscience vers des entreprises susceptibles d’être en accord avec leurs objectifs et ce qu’ils ont envie de faire.

L’occasion pour les élèves de se découvrir sur plusieurs sessions en dehors des cours classiques et de mettre en avant leurs qualités humaines pour se sentir plus confiants envers leur avenir et leur capacité à se projeter.